Démarche
Ma pratique artistique interroge les liens sensibles entre mémoire, territoire et perception, à travers l’expérimentation de techniques anciennes et de gestes écosensibles qui convoquent la lumière, la matière et le vivant comme langages.
J’explore des procédés photographiques alternatifs — cyanotype, anthotype, solarigraphie, impressions à la chlorophylle — ainsi que des pratiques d’impression végétale comme le tataki-zomé, que j’aborde non comme de simples techniques, mais comme des moyens d’entrer en résonance avec le monde. Ces procédés lents, tactiles et expérimentaux engagent le corps, les sens et l’environnement dans une même dynamique de création.
Mes œuvres se construisent à partir de matériaux collectés ou conservés — fragments végétaux, tissus usés, papiers anciens, photographies d’archives, visages, paysages — que je combine pour créer des dispositifs visuels porteurs de résonance. Je m’intéresse aux limites et seuils : lieux habités, lieux abandonnés, fragments de mémoire, espaces interstitiels. Ce sont des zones liminales où la mémoire s’incarne, se fissure ou se reconfigure. La liminalité, dans mon travail, devient une clé de lecture esthétique, mais aussi méthodologique, où la création émerge précisément dans l’entre-deux — entre présence et absence, entre le visible et l’effacé.
En tant qu’artiste autiste, ma posture est traversée par une relation neurodivergente au monde : lenteur, attention fine, répétition du geste. Cette temporalité particulière devient matrice de création, et transforme l’image en trace vivante, en empreinte sensorielle.
Mon travail s’inscrit dans une recherche-création située, écosensible et relationnelle, à l’intersection de l’art visuel, de la pédagogie en milieu naturel, de la mémoire affective et de l’écologie du sensible. Il prend la forme d’installations, d’objets imprimés, d’éditions, mais aussi d’ateliers de médiation, conçus comme des laboratoires partagés favorisant la transmission, l'inclusion et le lien au vivant.
En mobilisant une approche transdisciplinaire et incarnée, je cherche à faire émerger une esthétique lente, poétique et engageante, où chaque œuvre devient à la fois un territoire, une mémoire, et un seuil.
Statement
My artistic practice explores the sensitive relationships between memory, place, and perception through the experimental use of historical and ecological techniques that treat light, matter, and the living as languages.
I work with alternative photographic processes — cyanotype, anthotype, solarigraphy, chlorophyll printing — and plant-based printing methods such as tataki-zomé, which I do not see merely as technical tools, but as ways of entering into resonance with the world. These slow, tactile, and material processes engage the body, the senses, and the environment in a shared rhythm of making.
My works are composed of collected or archived materials — botanical fragments, aged textiles, paper, photographic portraits, personal landscapes — combined to create visual environments that hold resonance. I focus on limits and thresholds: inhabited spaces, abandoned places, fragments of memory, interstitial territories. These liminal zones are central to my practice — both aesthetically and methodologically — as they offer spaces where memory takes shape, disintegrates, or reconfigures itself. Creation emerges within these thresholds: between presence and absence, between the visible and the erased.
As an autistic artist, I create from a neurodivergent perspective that privileges slowness, fine attention, and the repetition of gesture. This particular temporality becomes a matrix for creation, transforming images into living traces and embodied imprints.
My practice is rooted in situated, eco-sensitive and relational research-creation, bridging visual art, nature-based pedagogy, affective memory, and sensory ecology. It takes the form of installations, printed objects, editions, and participatory workshops designed as shared laboratories for experiential transmission, inclusion, and connection to the living world.
Through a transdisciplinary and embodied approach, I seek to generate a poetic, slow, and resonant aesthetic — one in which each artwork becomes a territory, a memory, and a threshold.

















